TRAFIC - La route d'Arolla sera un peu plus sûre. Grâce aux minages et aux futurs filets pare-pierres qui protégeront les... paravalanches!
15h30, hier, en amont de la route d'Arolla. Une grande déflagration retentit. Elle résonne longtemps dans le vallon envahi de poussière. Le minage d'une grosse dalle vient de se produire. Les 250 mètres cubes de roche se sont désintégrés sous l'impressionnante détonation de 31 kilos de Tovex répartis dans 85 trous de forage. "Exercice réussi", comment sobrement Pierre Dorthes, ingénieur spécialiste en explosifs qui en a vu d'autres.
Puis les engins de chantiers entament les travaux de déblaiement de la voie de communication. La route sera rouverte complètement ce week-end après trois semaines de circulation réduite. Le secteur de Petit-Pont est purgé des dangers immédiats de chutes de pierre. Les travaux de sécurisation vont pouvoir se poursuivre sur ce tronçon au trafic journalier moyen de 2000 véhicules.
Sécurité difficile
Car cette zone escarpée, très problématique en matière de gestion des risques doit faire face à deux dangers majeurs: les chutes de pierre et les avalanches. "La neige peut rester accrochée aux bandes herbeuses de la falaise, puis simplement fondre ou tomber pour déclencher une avalanche dans la pente surplombant la route", explique Pascal Mayoraz, ingénieur à Nivalp et responsable de la direction locale des travaux. "L'appréciation de la sécurité s'avère donc particulièrement difficile." Tout comme la mise sur pied du concept de protection. Les ingénieurs ont résolu l'équation en sériant les problèmes.
Au pied de la paroi seront installés des filets pare-pierres. Ils protégeront les paravalanches qui s'intercaleront sur la pente entre la falaise et la route. "Le premier écran est prévu pour absorber le choc des blocs en se déformant vers le bas par un système de freins et de câbles", détaille Pascal Mayoraz. "Or, il ne fallait pas qu'en hiver la pression de la neige ou les coulées déforment les pare-pierres. Nous les avons donc surdimensionnés." En chiffres, ces ouvrages de protection supportent une énergie de 2000 kilojoules. Concrètement, cela représente un petit camion de 6 ou 7 tonnes qui tombe dans les filets à une vitesse de 90 kilomètres à l'heure! Ces prochaines semaines, quelque 150 mètres d'éléments seront fixés dans le secteur qui permettront également de contenir les blocs de glace provenant d'une cascade proche.
Tout n'est pas résolu
Les paravalanches, second écran de protection, seront érigés en contrebas dans la pente. 427 mètres d'ouvrages qui vont stabiliser le manteau neigeux. Un 3e écran, construit juste en dessus de la route, devrait ratisser d'éventuels blocs rocheux qui auraient déjoué les pièges de deux premiers écrans de protection. Coût global du chantier subventionné par le service cantonal des forêts et du paysage: environ 2,5 millions de francs. "Nous devrions achever la moitié des travaux d'ici à la fin de l'année s'il n'y a pas trop d'imprévus au niveau du minage et des forages", espère Pascal Mayoraz. Le reste en 2012. La route d'Arolla sera alors un peu plus sûre. Le concept général de protection de la zone, élaboré en 1997, a progressé au fil des différentes réalisations de digues et de galeries. Mais si ces ouvrages sont d'une bonne efficacité, tout n'est pas résolu, préviennent les professionnels sur place. Les dangers d'avalanches demeurent bien présents sur certaines portions du tracé entre Les Haudères et Arolla.
La fermeture potentielle de la route aussi. "Malgré les travaux successifs, la montagne garde jalousement ses secrets. Et ses dangers", prévient André Anzévui, responsable de la sécurisation du chantier et guide. "Il y aura toujours des risques..."
Pascal Fauchère
