24.03.24 - Arolla, quelles pistes pour demain?

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arollablabla
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Arolla, quelles pistes pour demain?

« Arolla est à un tournant de son développement,
nous en sommes tous conscients.
Des investissements sont nécessaires afin de dessiner
l’avenir de notre station de haute montagne. »
Virginie Gaspoz, présidente de la commune d’Evolène


Le 18 janvier dernier, les différents acteurs touristiques du val d’Arolla ont été conviés à une séance d’information organisée par les autorités communales.

Lors de cette séance, les résultats inquiétants d’une étude de développement mandatée par différentes entités locales, ont été présentés. Cette étude soutient qu’un développement des remontées mécaniques - remplacement de Fontanesses 1 par un télécabine (16 mio) et Fontanesses 3 par un télésiège (11 mio) – est envisageable. Cependant, pour justifier ces investissements, le nombre de journées skieurs doit être – au minimum – multiplié par trois. Pour atteindre cet objectif, la construction d’un parking de 500 places au fond des pistes et de 600 lits chauds doit être envisagée.

« Au pied des remontées, un parking couvert et intégré serait
plus accueillant qu’un vaste parking à ciel ouvert. »
Porte-parole d’un des mandataires de l’étude


Durant cette séance, de nombreuses interrogations se sont imposées. Quel type de remontées mécaniques voulons-nous? Emplacement et types de parking? Village piéton/skieur ou statu quo? Quelles garanties sur l’enneigement à moyen long terme? Ressources en eau? D’où viendront les nouveaux skieurs? Qui seront les skieurs de demain (les jeunes ne skient plus)? Route? Comment réagiront les habitués de notre région (la pétition en ligne sur change.org https://www.arolla.org/petition depuis le 21 janvier 2024 semble répondre à cette question)? Nature? Authenticité? Arolla a-t-elle vraiment besoin (et les moyens en terme de fréquentation) d’installations mécaniques pour pérenniser son tourisme estival?

Quelles pistes Arolla devrait-elle suivre pour ne pas perdre son âme tout en préservant son tissu économique permettant à sa poignée d’habitants d’y vivre? Quelles pistes ne pas suivre? Petit tour d’horizon de quelques exemples:

1. Belalp (VS), victime de prévisions beaucoup trop optimistes. (Blick.ch 22.09.2023)
Il y a près de dix ans, les remontées mécaniques de Belalp ont fait rénover l'ancien téléphérique tout en installant une nouvelle télécabine en parallèle. Coût : une bonne vingtaine de millions de francs.
Seulement voilà, « Les responsables ont pris en compte des chiffres de croissance tout à fait utopiques. Il y avait des fantasmes complets à l’œuvre. On ne peut pas concevoir l’infrastructure touristique pour dix jours de pointe par an. » Peter Bodenmann

2. Grächen (VS), victime de ses coûts d'exploitation. (Blick.ch 19.02.2024)
Selon les responsables, «Grächen n'est pas difficulté à cause du manque de neige. Le chiffre d'affaires n'est pas non plus en cause. Ce sont plutôt l'augmentation des coûts du personnel et de l'énergie, l'accroissement des frais administratifs et l'inflation qui ont été fatals au domaine skiable.»

3. Super Saint-Bernard (VS), à l'abandon depuis 14 ans, au grand désespoir des autorités locales qui ont investi 6 millions pour sauver les remontées mécaniques constamment dans le rouge. Pistes à plus de 2000m (enneigement garanti), mais domaine réservé à une certaine élite. (RTS1, Couleurs Locales, 28 février 2024)

4. Villars-sur-Ollon (VD), station de ski saturée. (RTS1, 19h30, 14.01.24)
«Avant 9 heures, les parkings proches des remontées mécaniques sont pleins. Il faut désormais se garer plus loin et prendre un bus. Des journées comme ce week-end il n’y en a qu’une vingtaine par année à Villars, alors pas question de créer de nouveaux parkings bétonnés. » L. Duggand
« On est en train de réfléchir à des parkings éphémères, ça nous rajouterait 100 places en hiver, on travaille sur ce projet. » Caroline Ganz de Meyer, municipale Ollon VD

5. Montalbert (F), village typique et authentique avec accès au domaine skiable de Paradiski (La Plagne - Les Arcs, 425 km de pistes balisées) victime de la fuite en avant qui se poursuit dans la majorité des stations des Alpes. (Basta.media, 6 septembre 2023)
« À Montalbert, ça n’a jamais autant construit que maintenant. Les promoteurs savent que ce sont les dix ou vingt dernières années durant lesquelles ce sera super rentable. Alors ils investissent énormément. Dans vingt ans, ce sera amorti pour eux. Mais nous, qu’est-ce qu’on va devenir ? Que va-t-on faire de ces bâtiments ? »
Ce jour-là, en plein été, des télécabines « Paradiski » montent et descendent du sommet, dans un cycle ininterrompu… vides…

6. L'Alpe d'Huez (F), déconnectée des enjeux liés au réchauffement climatique. (France3-regions, 21.02.2024)
La station de montagne enregistre 60 % de lits touristiques «froids», c’est-à-dire des lits occupés moins de quatre semaines par an. "En créer d’autres était illogique. C’est ce que pointe le rapport. Cette décision envoie un signal aux stations de ski. Il faut qu’elles soient raisonnables dans leurs projets immobiliers. La juridiction a considéré que le rapport de présentation du document est insuffisant et insincère concernant l’analyse des besoins et potentiels de réhabilitation de l’immobilier de loisir".

« Il faut dire stop à l’urbanisation de la montagne, le modèle des stations
qui ne cessent de s’agrandir, dans l’espoir d’attirer davantage,
est à bout de souffle. Il faut arrêter de grignoter de l’espace pour construire,
pour essayer d’accueillir des nouvelles personnes. »
Frank Piccard, ancien champion olympique de ski (reporterre.net, 18.02.2023)


7. Corrençon-en-Vercors (F) où un terrain vague devrait bientôt laisser place à un ambitieux projet immobilier, « le Hameau des Arolles », 600 lits et 117 places de parking, projet soulevant les oppositions d’un collectif d’habitants. Une lutte locale qui témoigne du défi global sur l’avenir de la montagne. (basta-media, 05.09.2023)

8. Les Gets (F), où le tribunal administratif de Grenoble a rejeté le recours en référé-suspension de l'ancienne star du basket français, Tony Parker, dans le projet de reprise de la station de ski des Gets (Haute-Savoie). (France3-regions, 01.03.24)
La candidature de l'ancien sportif devenu homme d'affaires s'opposait à celle de la Société d’Aménagements Gêtoise d’Equipements Touristiques et Sportifs (Sagets), exploitant historique des remontées mécaniques de la station et dont la commune des Gets est actionnaire majoritaire.

«J'espère que les autorités locales auront à cœur de garder la maitrise
des remontées mécaniques dans leur giron. Personnellement, je déplorerais
de constater la perte générale de contrôle sur les infrastructures essentielles
au développement économique et touristique de nos régions»
Christophe Darbellay, Conseiller d'État valaisan (letemps.ch 26 février 2024)


9. Chamois (I), petite station familiale du val d'Aoste où l'on prend encore le temps de vivre et où la montagne a su garder son authenticité. (France3-regions, 18.02.24)
«Mettre ici des télésièges débrayables n'aurait aucun sens, et ça ne collerait pas avec l'esprit familial et tranquille de cette petite station, qui attire des contemplatifs!»

10. Vallée de la Valpelline (I) où les habitants ont toujours refusé le tourisme de masse, pour mieux vivre en harmonie avec leurs montagnes. (France3-regions, 18.02.24)
«Ça n'a pas été facile, nous avons reçu des pressions et on nous a proposé parfois de fortes sommes d'argent pour laisser exploiter la vallée notamment avec l'héliski. Mais nous avons tenu bon, et aujourd’hui, notre vallée fait figure de sanctuaire sauvage dans la région, nous en sommes fiers. Elle offre de nombreuses possibilités d'activités de pleine nature, suffisamment pour faire vivre les locaux. De mon point de vue, c'est nécessaire et suffisant».

11. Homeland (I), première station de ski sans remontées mécaniques d’Europe
Afin de remplacer les installations de tractage, le site officiel de la station italienne indique que toute la zone entourant le Montespluga "devient ainsi une immense 'pente' à gravir et à descendre, soit de manière autonome, soit en étant accompagné par des guides alpins". (Geo.fr, 12.10.2023)

Arolla a résisté jusqu’à aujourd’hui au tourisme de masse. Sacrifier ce que nous sommes pour réaliser un projet digne des années 80 en vaut-il la chandelle? Qui en sortira gagnant? Libre à vous de vous forger votre propre opinion.

Christophe Clivaz, Arolla

Synthèse au format PDF: https://www.arolla.org/petition/arolla-demain.pdf

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