Nouvelliste du 01.07.19 - Josette Valloton, l'authenticité à la rencontre des sommets

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  Nouvelliste du 01.07.19 - Josette Valloton, l'authenticité à la rencontre des sommets

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HAUTE MONTAGNE - Un mois après son sixième 8000, la guide valaisanne nous reçoit chez elle, à Arolla.

Arolla. Son silence. Ses arolles. Ses montagnes majestueuses. Josette Valloton s'approche, en tirant sur son t-shirt. "J'ai des trous à mes pulls à force de tirer dessus quand je suis stressée." Mais la peur de l'interview contraste en tout point avec la chaleur de son accueil et la douceur de son visage. Sa peau est dorée par le soleil. Ses yeux d'azur sourient quand elle rit. Josette Valloton nous reçoit avec générosité et tutoiement. Sur le gazon qui borde son immeuble, elle rend s liberté à chacun des insectes qui tentent l'ascension de son pantalon.
La voyant accompagnée de journalistes, sa voisine s'en amuse avec bienveillance du haut de son balcon. "Toi qui fais la star? On aura tout vu..." Car Josette Valloton n'est pas de celles qui cherchent la lumière ou la gloire. Sa passion, la montagne, elle la vit en toute humilité. En toute simplicité. Rencontre avec une femme simple au sens noble du terme, généreuse, authentique.

La montagne, une affaire d'hommes

Née en 1964, Josette Valloton grandit à Fully. Elle découvre très vite déjà les joies du sports, la gymnastique, le ski, la marche en montagne. Sa montagne à elle, ses racines, c'est Sorniot, qui surplompe son village d'enfance. Elle lui fera des infidélités quelques années plus tard, lorsque étudiante à l'école de tourisme à Sierre, un stage lui fait découvrir Arolla. "J'ai tout de suite aimé son climat, son altitude." Josette Valloton restera là. Si elle y accompagne déjà des gens en montagne, faire le cours de guide n'est pas une option. "Il n'y avait pas de femmes guides ou accompagnatrices à cette époque-là, la montagne était une affaire d'hommes", se souvient la Valaisanne.
Il faudra attendre 1986 et la Fribourgeoise Nicole Niquille, première Suissesse guide de montagne pour que la voie s'ouvre aux femmes. Josette Valloton a 22 ans et se dit pourquoi pas. "Au cours de guide, les hommes manquaient un peu de tact", se souvient celle qui dit ne pas avoir souffert de son statut de femme. "Bien qu'ils étaient ouverts à notre venue, ils n'y étaient indéniablement pas habitués."

Ses années dans la vingtaine cncordent avec une jeunesse particulèrement festive. "J'étais un peu effrontée et la réalisation du cours de guide a un peu traîné." Le côté quasi militaire u cours d'alors ne lui convient pas et Josette Volloton s'y rend à reculons. "Je n'ai pas eu les honneurs mais j'ai été jusqu'au bout et j'en suis aujourd'hui très heureuse."

Ne jamais abandonner

La guide en a fait une leçon de vie: quitte à finir dernier, quitte à louper, ne jamais abandonner. Elle a 30 ans lorsqu'elle obtient son diplôme et faire de la montagne sa profession. Josette Valloton aime la rencontre avec les clients, et s'en rapprocher, sincèrement, au fil de l'expédition. "Tu sens la personne en quelques secondes", nous confie l'experte. "Dans sa manière de démarrer, dans son souffle." Mais si l guide aime profondément ses Alpes, la Valaisanne a des envies d'ailleurs.

Fascinée par l'Himalaya

"Himalaya." Dans la voix de Josette Valloton, le mot sonne avec une certaine magie. La femme en parle avec de la lumière dans dans les yeux. Sa fascination pour l'Himalaya remonte à l'enfance, au détour de photos regardées un peu par hasard. "Je pensais déjà qu'un jour j'irai là-bas." Son premier voyage remonte à une vingtaine d'années et le coup de foudre est immédiat. "C'est dans l'air", justifie cette dernière.
Impressionnée par la culture des sherpas, elle leur trouve quelque chose de divin. "Ce sont des montagnards. Leur vie est dure. Les gamins sont à pieds nus et deviennent très vite débrouillards." Sur place, elle tisse des liens avec une famille. "J'y ai amené ma maman une fois, et nous avons appris quelque temps après que son sherpa était décédé dans une avalanche de sérac lors d'une expédition. Depuis, nous participons à l'écolage de sa fille." Attachée aux gens, Josette Valloton parle aussi des grands espaces, des yaks sauvages. Et des sommets.

Si la chasse aux records n'est pas vraiment dans le sang de Josette Valloton, la guide de haute montagne ne manque pas de caractère. "Comme je ne vais là-bas qu'une fois par année, autant viser les sommets." Toutefois, quand on l'interroge sur les sentiments qui l'habitent une fois l'ascension terminée, la femme ne parle pas de fierté ou de satisfaction . Au Makalu par exemple, son dernier 8000 réalisé en mai dernier, Josette Valloton se souvient de la lumière. La beauté du décor.

Le refus des selfies

Ce n'est que sur le chemin du retour qu'elle se dite qu'elle aurait quand même pu prendre une photo du paysage. Autour d'elle les selfies sont légion mais la font grimacer. Ce n'est pas sa manière d'aborder la montagne. Elle l'approche de façon plus personnelle, plus humble, plus épurée. "Je cherche de plus en plus à enlever les choses tout autour pour être en contact direct avec la nature", constate celle qui aimerait, si elle ne a les moyens, consacrer ses prochaines années à l'Himalaya. Simple, vraie, authentique, Josette Valloton résume sa vie en une phrase: "J'ai l'impression de la gaspiller si je reste dedans."

Noémie Fournier

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